La psychothérapie commence quand s’arrête le conseil
La psychanalyse et la psychothérapie se différencient du coaching ou de l’éducatif sur plusieurs points. Nous pourrions dire que le travail commence quand s’arrête le conseil. Le travail du « psy » pourrait être assimilé à celui d’un compagnon de route ou d’un jardinier. Il s’occupe du terrain, plus que des mauvaises herbes. Ces dernières, sont comme la flore intestinale, elles s’adaptent. Quand le terrain est bon, la nature fait le reste. Le psy, fort de sa croyance en la vie, va donc accompagner la personne à cultiver elle-même son terrain pour faire éclore les graines déjà présentes.
Aussi Lao Tseu, nous dit qu’il vaut mieux être attentif au germe plus qu’au terme. En psychothérapie, cela signifie qu’à trop se focaliser sur la levée d’un symptôme en ayant recourt aux conseils, on risque de ne faire que déplacer les choses. La disparition temporaire d’un symptôme soulage mais gare à la déception quand le travail de fond (de terrain) n’est pas fait.
Trouver la vérité, le chemin ou la voie ?
Plutôt que chercher son chemin, il vaudrait mieux faire en sorte que la vie se trouve un chemin en nous. Il n’y aurait pas de chemin à chercher donc, ce dernier se trouvant par la nécessité des hasards.
En somme le chemin est derrière soi et non devant. Le chemin est un sillon que vous venez de tracer sans vous en être véritablement rendu compte. Chercher, c’est rester en périphérie, être sur le cercle. Trouver c’est aller vers le trou, vers le centre. En somme c’est un déplacement de l’attention. Le plus mauvais chemin pourrions-nous dire serait de vouloir se trouver en se crispant à l’idée de ne pas se perdre. Et si la perte de repères était une errance nécessaire pour changer de point de vue par la nécessité des hasards ?
Alors pensons donc à l’image qui consiste à « prendre le large ». Ne serait-elle pas utile pour comprendre que la perte de repères n’est pas forcément une perte d’horizon mais une errance nécessaire et temporaire. Quand vivre se fait en confiance, l’existence se déroule comme un acte de foi à manifester sans se préoccuper excessivement de l’avenir.
Faire comme la carpe Koï
Si les philosophes ont cherché la Vérité, les lettrés chinois ont trouvé la Voie. Pour eux, il y a autant de voies que d’individus. À chacun de suivre celle qui lui convient. La nage de la carpe Koï (poisson emblème du yin et du yang) qui ne laisse pas de trace nous rappelle que le chemin se trace en marchant.
« La vérité ne se trouve pas au bout du chemin, la Vérité est le chemin même et celui-ci n’est pas une ligne droite, il suit les méandres de la vie, bifurque, se réoriente sans cesse au gré des opportunités et des difficultés. C’est ce que les Chinois appellent vivre en harmonie avec le Tao. » (¹)
AT.
1. Hesna CAILLIAU, Le paradoxe du poisson rouge, p.81 , 2014